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[Avis] Moi, Lucifer
(trop ancien pour répondre)
Nicolas Delsaux
2014-05-30 15:44:49 UTC
Permalink
Moi, Lucifer
by Glen Duncan, Michelle Charrier (Translator)

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4 35% 1143 <== je suis là
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Mass Market Paperback, 368 pages
Published January 2nd 2014 by Folio (first published July 1st 2002)
original title I, Lucifer
ISBN 207045620X (ISBN13: 9782070456208)
edition language French
characters Lucifer
setting
London, England (United Kingdom)

Cette histoire est une chouette surprise, mais un peu décevante sur la fin.
Comme le titre l'indique, elle nous raconte donc la vie de Lucifer,
d'une façon autobiographique assez intéressante. En effet, il possède
temporairement le corps d'un écrivain raté, Declan Gunn, et utilise le
talent de cet auteur pour nous raconter, sans intermédiaire, sa vision
de la Bible. On a donc droit à des passages assez ironiquement drôles,
comme la création, Adam et Eve, ou franchement comiques (sa remarque à
Jésus juste avant la crucifixion m'a vraiment bien fait rire). On a
également droit à des scènes moins drôles, voire franchement pénibles.
Je pense par exemple à un procès en sorcellerie qui m'a paru à la limite
du soutenable.
Si il n'y avait que ça, ce serait en réalité assez pénible.
Heureusement, cette histoire n'est racontée que pour illustrer les
aventures actuelles de Declan/Lucifer. En effet, en plus de nous
raconter la bible, ce dernier tente de monter un film digne de figurer
au panthéon des films irréalisables : l'histoire de la chute de Lucifer.
Ca nous plonge évidement dans le milieu du cinéma, de ses réalisateurs,
producteurs, et autres agents divers, tous plus pathétiques les uns que
les autres.
Bon, et en bonus, parce que deux récits parallèles, ça n'est pas assez,
la vie du "vrai" Declan infuse également l'âme de Lucifer pour le
pousser dans directions parfois inattendues, tandis que ce même Lucifer
ets absolument fasciné par la richesse de notre environnement, une
richesse à laquelle il n'a pas accès sans incarnation matérielle.
En fait, ça n'a l'air de rien, mais c'est ce dernier aspect du roman qui
a le plus grand impact sur la lecture. En effet, Lucifer est volontiers
lyrique, et se laisse aller sans problème aux digressions les plus
improbables, ce qui fait qu'une scène de création littéraire se retrouve
coupée par la contemplation d'un coucher de soleil, tandis que le
jugement de la sorcière prend un poids démesuré à cause justement de la
richesse des détails matériels : les odeurs, les sons, sans même parler
des textures, tout cela est détaillé avec un luxe, voire même une
luxure, qui se révèle nécessaire pour accéder au niveau supérieur de
lecture.
Parce qu'évidement, il y a un autre niveau, au-dela de tout ce bazar. Un
autre niveau qui est une critique absolument stupéfiante de force dans
sa critique du système religieux chrétien dans son ensemble.
Je m'explique. Ce livre, qui donne pour une fois la parole à l'ennemi de
Dieu, nous montre bien que, de son point de vue, ça n'est pas lui le
méchant, il ne cherche pas tant notre chute que ça. Non. L'ordure, la
vraie, c'est celle qui permet tout ça, en sachant qui plus est tout ce
qui va découler de ses décisions. Evidement, parfois, Lucifer pousse les
mortels vers le bas, parce que c'est son rôle dans la création. Mais
l'a-t-il vraiment choisi, ou a-t-il, comme Eve, comme nous tous, été
manipulé par le père éternel ?
Voilà le second niveau de lecture. Et je dois dire que celui-là m'a fait
un plaisir fou, tout en étant d'ailleurs auto-critique : il y a à un
moment un passage ou Lucifer explique clairement qu'il est, dans notre
tête, la voix qui dit "ben ouais, c'est comme ça, tu croyais quoi". Et
tout ce texte n'est rien d'autre que la matérialisation de ce concept :
tu croyais que Dieu n'était qu'amour ? Pauvre idiot. Voilà le coeur même
de la tentation. C'est sacrément bien fait, tant conceptuellement que
techniquement.
Du coup, vous vous demandez quel défaut peut avoir un tel récit ...
Eh bien c'est simple : la fin.
Parce que le concept est parfait, mais ne peut absolument pas supporter
de conclusion satisfaisante.
Rappelons le concept pour ceux qui n'ont pas lu le bouquin (oui, c'est
un spoiler) : Dieu offre à Lucifer la rédemption sous forme humaine, si
il accepte de mener toute une vie dans le corps d'un humain. Lucifer,
lui, veut bien essayer trente jours. Et il se rend évidement compte
pendant ces trente jours que la vie d'humain a de bons côtés. Du coup,
le dilemne est : que faire à la fin de la période d'essai ?
Aucun des deux choix ne rendra pleinement justice à la duplicité de
celui qui est le malin.
Du coup, forcément, la conclusion de ce roman ne peut qu'être décevante.
Et elle l'est : à partir du moment où Lucifer rencontre Raphaël, le
récit se délite irrémédiablement. Et c'est triste.
Mon conseil serait donc : lisez-le si vous supportez une fin décevante,
parce que le reste du roman est absolument génial et ... j'ose le dire
... jubilatoire. En revanche, si vous aimez les chutes bien travaillées,
ne le lisez pas. Sachez toutefois que, pour ma part, j'ai beaucoup aimé.
Lou Caminaire
2014-06-05 09:29:11 UTC
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Tu donnes envie...
l***@gmail.com
2014-06-09 18:47:22 UTC
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Salut,

Mouais... Pfffff. J'ai une grande méfiance pour les romans de ce genre. Finalement non. Ça le fera pas.

AB+ Laurent

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