Discussion:
[Avis] Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère ... et retrouvé l'amour
(trop ancien pour répondre)
Nicolas Delsaux
2014-11-03 08:46:25 UTC
Permalink
Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère ... et retrouvé l'amour by S.G.
Browne

5 29% 1292 <== et curieusementt, je suis là
4 36% 1602
3 23% 1041
2 7% 323
1 2% 124

Mass Market Paperback, 400 pages
Published August 28th 2014 by Folio SF (first published January 1st 2009)
original title Breathers: A Zombie's Lament
ISBN 2070455254 (ISBN13: 9782070455256)
edition language French
characters Jerry, Rita Bloom, Andy Warner, Ray
setting Santa Cruz, California (United States)

literary awards Bram Stoker Award Nominee for Best First Novel (2009)


Résumer ce roman pourrait sembler facile, à première vue, mais est en
fait tout aussi casse-gueule que le scénario du dit roman. Or,
malheureusement, je n'ai pas vraiment la gouaille de l'auteur et aurais
donc bien du mal à éviter la catstrophe. Allons-y.

Ce livre au titre terriblement évocateur ne nous parle pas de
cannibales, mais de zombies. Plus précisément, il nous parle d'Andy, un
zombie "récent", qui s'est réveillé d'entre les morts après l'accident
routier dans lequel sa somnolence au volant l'a tué, lui et sa femme.
Pas drôle du tout ... surtout qu'il se réveile réduit à l'état de zombie
archétypal : il a une chevile brisée et marche donc laborieusement, ses
cordes vocales sont détruites, et il ne peut donc que produire des
grognements incompréhensibles. C'est donc une situation assez peu enviable.
Surtout que, dans cet univers, les zombies sont victimes d'un racisme
épouvantables : ils n'ont aucun droit civique, et peuvent donc être
détruits librement par des "respirants". C'est vraiment flippant, parce
qu'on comprend tout autant par ce roman que par les vidéos sur le
harcèlement de rue ce que le racisme peut être, quand on en est victime.
Surtout que, pour s'enfoncer encore un peu, le personnage principal, dès
son état de zombie assimilé, se lance dans des tentatives pathétiques et
infructueuses pour retrouver les droits qu'il avait en tant que respirant.
Dans l'ensemble, ça se passe mal. Jusqu'au tragique drame familial qui
donne son titre au roman. Elément sur lequel j'arrête là ma description
de cette oeuvre.

Car Oeuvre il y a : l'auteur donne toute l'humanité immaginable à ses
zombies, qu'ils soient suicidés, victimes d'accidents de la route ou de
meurtre crapuleux, ils ont tous une personnalité bien vivante. A
contrario, évidement, les respirants sont vus comme tous les oppresseurs
de la littérature (je pense en particulier aux vampires de Je suis une
légende) : ils n'ont pas souvent de traits de personnalité autres que la
cruauté aveugle. Et quand c'est le cas, leurs instincts de respirants
les pousse à agir malgré eux pour oppresser les zombies. C'est
particulièrement criant avec la mère d'Andy, qui voudrait lui montrer
son affection, mais ne réussit pas à le toucher.

Ce qui donne évidement à cette oeuvre les airs d'un pamphlet contre la
discrimination, quelle qu'elle soit, digne des moments les plus sérieux
du spécisme de Pratchett.

Alors évidement, il n'y a pas que ça, sinon cette oeuvre ne serait qu'un
de ces romans à thèse barbants. Non.

On y trouve aussi tout le tumulte d'une passion amoureuse naissante,
ainsi que l'érotisme incontrôlable des premiers émois (j'allais dire
raidissants, mais je crois que ça n'est pas vraiment approprié).
L'amitié entre des personnes soudées par une expérience aussi commune
qu'afreuse, les affres de l'acceptation d'une situation sociale
invivable, et tant d'autres thèmes qui, tout en étant indiscutablement
contemporains, gagnent avec la non-mort de ces personnages une forme
d'éternité assez bienvenue.

Honnêtement, j'ai été bluffé par ce roman, à la fois parce qu'il choisit
l'angle le plus intéressant des films d'horreurs (que font les monstres
quand ils ne poursuivent pas des jeunes filles aussi fortement bustées
que faiblement vêtues), mais aussi parce que son économie de moyens lui
permet le luxe d'être un authentique roman psychologique sur les
zombies. Bravo.

Ce qui rend ce roman aussi indispensable que ... je ne sais pas, moi, je
dirais un doigt ou une oreille dans la soupe. Lisez-le, vous serez sans
doute surpris par sa profondeur sépulcarele (et ça me permettra
d'arrêter les blagues aussi glauques que certaines scènes de cette
histoire).
--
Nicolas delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner
Laurent Tchilian
2014-11-05 04:58:06 UTC
Permalink
Salut,

OK, il est là, a porte de main. Je prend.
Merci.

AB+ Laurent

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