Nicolas Delsaux
2014-07-08 08:02:47 UTC
Les Opéras de l'espace
by Laurent Genefort
Mass Market Paperback, 416 pages
Published February 27th 2014 by Folio
ISBN 2070455173 (ISBN13: 9782070455171)
edition language
French
Ce roman nous raconte le voyage d'Axelkhan, ancien ténor à la voix d'une
perfection inhumaine, à la recherche de la créature qui pourra lui
rendre cette voix.
Ce voyage le fera changer, évidement, mais fera également de lui le chef
d'une compagnie de théatre dans un monde particulièrement étrange, et
que je me dois malheureusement de décrire un peu, tant il dépasse son
rôle de décor pour devenir un élement majeur de récit.
Les bulbes Griffith sont donc un artefact, peut-être extra-terrestre,
qu'on pourrait tenter de décrire comme une espèce de grappe de raisin
géante ... Géante au-dela des mots puisque chaque grain a des dimensions
de plusieurs dizaines de kilomètres.
Ces bulbes sont sillonés d'un réseau plus ou moins dense de câbles, sur
lesquels évoluent des nacelles, et aux croisements desquels
s'établissent des stations, toujours peuplées de cités franchement
renfermées. Je serai en fait tenté de voir ce décor comme une tentative
plutôt réussie de spatialisation de far-west : de petits îlots de
civilisation, dirigés d'une main de fer par un intendant/propriétaire,
au milieu de vastes espaces inhospitaliers, qui ne sont reliés à la
civilisation que par d'épisodiques passages de nacelles (que je n'ai pu
m'empêcher de voir comme des nacelles de téléphériques, proches dans
l'esprit de l'étrange réseau de la cité du goufre de Reynolds).
Et dans cet univers au far-west de pacotille, Axelkhan monte donc une
troupe de théatre afin de rallier le centre des bulbes, centre
semi-légendaire dans lequel est censé se trouver une créature
susceptible de lui rendre sa voix.
Soyons clairs, ce but n'est en fait qu'un prétexte pour que l'auteur
nous montre une multutitude de stations, de plus en plus déprimantes à
mesure qu'on se rapproche du fameux centre, mais aussi, et surtout, un
prétexte pour nous parler du monde magique du théatre : la pression qui
pèse sur les acteurs avant l'apparition en scène, la lutte contre le
temps pour écrire, mettre en scène et produire une pièce digne de ce
nom, le constant équilibre entre impertinence et risque social, le tout
exacerbé par cet univers où les ressources sont rares et où les pirates
du sol terrifient les habitants des stations.
Il se dégage de tout ça une athmosphère où le danger rôde, dans le
lointain, mais où, surtout, les costumes de scène, les dialogues de
théatre, créent une espèce d'ambiance légère qui n'est peut-être pas
volontaire, puisque pas du tout en harmonie avec le décor
semi-désertique, ni avec l'espèce de rudesse du lieu. Ca a un côté
orchestre du Titanic : c'est peut-être la merde, mais chacun essaye d'en
sourire ... Enfin, encore une fois, je n'ai pas eu l'impression d'une
volonté ferme de l'auteur, plus celle d'un phénomène émergent : les
acteurs, aprce qu'ils jouent des comédies, créent de la joie et de la
légèreté.
Au milieu de tout ça, Axelkhan me paraît complètement déboussolé, ce qui
est bien normal : lui l'ancienne vedette se retrouve dans des habits
crasseux à tenter d'utiliser sa compagnie de théatre pour aller là où
personne ne va, à la recherche d'une vie qu'il a perdu et ne pourra
certainement pas retrouver. En quelque sorte, on le voit passer à côté
de sa plus audacieuse création pour une chimère qu'il aurait mieux fait
d'oublier. Ce que je trouve encore plus dommage, c'est que son fameux
caractère de Divo ne transparaît pas vraiment : les rares passages où il
s'énerve sont rapidement passés, de même que ses éventuels caprices.
Avant d'en arriver à la conclusion de cet avis, un mot sur la conclusion
de ce roman : c'est une arnaque pure et simple !
Nous pondre 300 pages d'un voyage qui aurait pu amener notre personnage
au Yuweh directement depuis sa nacelle de théatre par une interception
des fameux pirates (qui auraient du ne rester qu'une légende) et une
espèce de passage en combinaison dans la peau d'un bulbe, tout ça pour
un retournement de situation digne d'une nouvelle, eh bien je n'aime pas
ça. Mais alors pas du tout. A la différence d'un roman à chute, un roman
doit, à mon sens, se terminer d'une façon "digne", et pas par un lecteur
qui se dise que l'auteur l'a bien roulé.
Quelque part, cette conclusion gâche pas mal la saveur d'un roman qui
pouvait, sinon, être vu comme une espèce d'hommage aux artistes
itinérants de l'histoire terrestre, qu'ils soient du far-west où même de
la comedia del'arte. Ca reste un livre intéressant pour les amateurs de
théatre dans la science-fiction, et pour ceux adeptes d'endroits
étranges, habités toutefois par de sérieux abrutis dont on se demande
bien ce qu'ils font encore là quand tout l'espace est à leur porte.
by Laurent Genefort
Mass Market Paperback, 416 pages
Published February 27th 2014 by Folio
ISBN 2070455173 (ISBN13: 9782070455171)
edition language
French
Ce roman nous raconte le voyage d'Axelkhan, ancien ténor à la voix d'une
perfection inhumaine, à la recherche de la créature qui pourra lui
rendre cette voix.
Ce voyage le fera changer, évidement, mais fera également de lui le chef
d'une compagnie de théatre dans un monde particulièrement étrange, et
que je me dois malheureusement de décrire un peu, tant il dépasse son
rôle de décor pour devenir un élement majeur de récit.
Les bulbes Griffith sont donc un artefact, peut-être extra-terrestre,
qu'on pourrait tenter de décrire comme une espèce de grappe de raisin
géante ... Géante au-dela des mots puisque chaque grain a des dimensions
de plusieurs dizaines de kilomètres.
Ces bulbes sont sillonés d'un réseau plus ou moins dense de câbles, sur
lesquels évoluent des nacelles, et aux croisements desquels
s'établissent des stations, toujours peuplées de cités franchement
renfermées. Je serai en fait tenté de voir ce décor comme une tentative
plutôt réussie de spatialisation de far-west : de petits îlots de
civilisation, dirigés d'une main de fer par un intendant/propriétaire,
au milieu de vastes espaces inhospitaliers, qui ne sont reliés à la
civilisation que par d'épisodiques passages de nacelles (que je n'ai pu
m'empêcher de voir comme des nacelles de téléphériques, proches dans
l'esprit de l'étrange réseau de la cité du goufre de Reynolds).
Et dans cet univers au far-west de pacotille, Axelkhan monte donc une
troupe de théatre afin de rallier le centre des bulbes, centre
semi-légendaire dans lequel est censé se trouver une créature
susceptible de lui rendre sa voix.
Soyons clairs, ce but n'est en fait qu'un prétexte pour que l'auteur
nous montre une multutitude de stations, de plus en plus déprimantes à
mesure qu'on se rapproche du fameux centre, mais aussi, et surtout, un
prétexte pour nous parler du monde magique du théatre : la pression qui
pèse sur les acteurs avant l'apparition en scène, la lutte contre le
temps pour écrire, mettre en scène et produire une pièce digne de ce
nom, le constant équilibre entre impertinence et risque social, le tout
exacerbé par cet univers où les ressources sont rares et où les pirates
du sol terrifient les habitants des stations.
Il se dégage de tout ça une athmosphère où le danger rôde, dans le
lointain, mais où, surtout, les costumes de scène, les dialogues de
théatre, créent une espèce d'ambiance légère qui n'est peut-être pas
volontaire, puisque pas du tout en harmonie avec le décor
semi-désertique, ni avec l'espèce de rudesse du lieu. Ca a un côté
orchestre du Titanic : c'est peut-être la merde, mais chacun essaye d'en
sourire ... Enfin, encore une fois, je n'ai pas eu l'impression d'une
volonté ferme de l'auteur, plus celle d'un phénomène émergent : les
acteurs, aprce qu'ils jouent des comédies, créent de la joie et de la
légèreté.
Au milieu de tout ça, Axelkhan me paraît complètement déboussolé, ce qui
est bien normal : lui l'ancienne vedette se retrouve dans des habits
crasseux à tenter d'utiliser sa compagnie de théatre pour aller là où
personne ne va, à la recherche d'une vie qu'il a perdu et ne pourra
certainement pas retrouver. En quelque sorte, on le voit passer à côté
de sa plus audacieuse création pour une chimère qu'il aurait mieux fait
d'oublier. Ce que je trouve encore plus dommage, c'est que son fameux
caractère de Divo ne transparaît pas vraiment : les rares passages où il
s'énerve sont rapidement passés, de même que ses éventuels caprices.
Avant d'en arriver à la conclusion de cet avis, un mot sur la conclusion
de ce roman : c'est une arnaque pure et simple !
Nous pondre 300 pages d'un voyage qui aurait pu amener notre personnage
au Yuweh directement depuis sa nacelle de théatre par une interception
des fameux pirates (qui auraient du ne rester qu'une légende) et une
espèce de passage en combinaison dans la peau d'un bulbe, tout ça pour
un retournement de situation digne d'une nouvelle, eh bien je n'aime pas
ça. Mais alors pas du tout. A la différence d'un roman à chute, un roman
doit, à mon sens, se terminer d'une façon "digne", et pas par un lecteur
qui se dise que l'auteur l'a bien roulé.
Quelque part, cette conclusion gâche pas mal la saveur d'un roman qui
pouvait, sinon, être vu comme une espèce d'hommage aux artistes
itinérants de l'histoire terrestre, qu'ils soient du far-west où même de
la comedia del'arte. Ca reste un livre intéressant pour les amateurs de
théatre dans la science-fiction, et pour ceux adeptes d'endroits
étranges, habités toutefois par de sérieux abrutis dont on se demande
bien ce qu'ils font encore là quand tout l'espace est à leur porte.
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Nicolas delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner
Nicolas delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner