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[Avis] Charles Stross - Crepuscule d'Acier / Aube d'Acier
(trop ancien pour répondre)
Yves Potin
2015-10-07 05:55:46 UTC
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Bonne journée aux frasiens qui restent :)


Charles Stross - Crepuscule d'Acier (2003) / Aube d'Acier (2004)

La singularité technologique change tout, même la science fiction qui
devient elle aussi imprédictible. Ainsi, les invasions extraterrestres
prennent maintenant la forme de pluie de téléphones portables qui peuvent
exaucer tous vos vœux, même vous fournir une corne d'abondance, à
condition de les distraire. Le combat spatial entre gigantesques vaisseaux
armés de canons démesurément prétentieux est totalement obsolète, de tels
vaisseaux étant cannibalisés par des agents furtifs qui vont commencer par
pirater leur réseau informatique. La terre a connu des évolutions
politiques notables : l'unité de souveraineté, par exemple membre de
l'ONU, n'est plus l'Etat Nation mais l'individu lui même. Et les
ordinateurs et Intelligences Artificielles dans tout ça ? D'abord,
quoi qu'on en pense, ils ne sont pas divins. Mais ce qui en reste et qu'on
peut en connaître est extrêmement méfiant sur le sujet, en particulier vis
à vis de ceux qui cherchent à provoquer des paradoxes temporels, même en
douce. Bien sûr, il subsistera toujours des dictatures rétrogrades
pratiquant la censure et limitant la liberté d'expression -
on pourrait d'ailleurs confondre un tel système avec une panne des
communications, avec assez de recul, par exemple celui d'une intelligence
artificielle ayant évolué dans l'espace pendant des millions d'années.

Ces deux romans de Charles Stross dépeignent un univers extraordinaire de
spéculations souvent très drôles mais en même temps tellement
vraisemblables par la cohérence de leur rationalité, dans la continuité de
ce ballon que conçoit Vernor Vinge dans La Captive du Temps Perdu qui
allait déjà plus loin que les vêtements connectés ou les voitures
automatiques du plus récent Rainbows End. En un sens, c'est de la SF
traditionnelle dont Charles Stross s'empare, il nous montre des formes
devenues obsolètes à force de s'être installées dans un imaginaire devenu
trop habituel et facile, on penserait par exemple aux différences sur le
fond assez peu sensibles entre les vaisseaux spatiaux de Star Trek et ceux
de Stargate, au delà de leurs formes. Stross les traite comme de vieux
tacots poussifs.

On peut difficilement nier le succès de son entreprise dans « Crépuscule
d'Acier », qui nous raconte une histoire convaincante parsemée de toutes
ces inventions, nouveaux vaisseaux spatiaux et évolutions sociales qui
posent un univers très original dans sa continuité avec le space opera.
Il ne s'agit pas de renouveler radicalement le genre, mais d'ouvrir de
nouveaux horizons spéculatifs au lecteur à partir de ce qu'il a déjà lu
comme des évolutions technologiques les plus récentes. Les personnages
sont convaincants et attachants au travers d'une histoire qui sait
demeurer accessible et plaisante malgré une certaine complexité. Le second
roman, « Aube d'Acier », laisse un sentiment plus mitigé. L'univers est
posé, on ne fait qu'en approfondir les détails dans la trame d'une
aventure certes plein de rebondissements et retournements de situation
mais qui souffre de certaines longueurs et montre un modèle qui commence à
s'essouffler. Si ce second roman mérite le détour, on appréciera la
volonté de Charles Stross de ne pas poursuivre cet univers par un
troisième roman, ce serait peut être gâcher deux petits joyaux par ce qui
risquerait de devenir une recette un peu trop banale.
--
Yves
http://jazzcomputer.org/ Ambient Jazz Music
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Yves
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Jean-Luc
2015-10-10 17:19:19 UTC
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Post by Yves Potin
Le second
roman, « Aube d'Acier », laisse un sentiment plus mitigé
Comme le l'écrivais ici-même tantôt, le deuxième ouvrage tient plus du
techno-thriller scènes d'action à l'appui, ce qui donne une sensation de
déjà vu, car l'Univers est bien le même.

Cela dit c'est quand même dans la catégorie inratable !
--
Jean-Luc Pruvost
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