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[Avis] L'agonie de la lumière
(trop ancien pour répondre)
Nicolas Delsaux
2014-06-13 08:10:23 UTC
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L'agonie de la lumière by George R.R. Martin

rating frequency % #
5 17% 131
4 37% 289
3 31% 240
2 10% 83 <== je suis là
1 2% 21

Paperback
Published February 12th 2014 by J'ai lu (first published 1977)
original title Dying of the Light
ISBN13 9782290075722
edition language French
url http://jailu.com/albums_detail.cfm?id=45506
characters Dirk t'Larien
literary awards Hugo Award Nominee (1978), August Derleth Fantasy Award
Nominee (1979)

<Attention, il y a au moins un net spoiler>

Quel roman sinistre !
On y suit les pas de Dick tLarien (ça n'est pas une faute de frappe)
qui, en souvenir d'un amour passé, s'n va sur la planète de Worlorn.
Cette planète est errante : elle se balade à travers la galaxie et a
frôlée une génate rouge, suite à quoi elle a été utilisée pour un
festival (autrement dit une sacrée manifestation d'égocentrisme des
planètes participantes). Malheureusement, elle s'éloigne maintenant de
cette géante et de notre galaxie. Du coup, chaque jour y est un peu plus
sombre et plus froid que le précédent (d'où le titre, suivez un peu).
Ca n'est pas la seule chose qui devient chaque jour un peu plus sombre
et plus froid ...
En effet, le héros se rend compte que son amour perdu ne tient plus tant
que ça à lui, et qu'elle est qui plus accompagné de féroces guerriers,
avec lesquels (ou avec l'un desquels, plus exactement) elle a lié son
destin d'une façon très honorable diront les gentils, rétrograde diront
les réalistes.
Du coup il ne s'agit plus pour le héros de la récupérer comme un fruit
mur, mais de la reconquérir, face à un homme qui est lui est bien
supérieur. Supérieur moralement, mais aussi physiquement.
Autant le dire tout de suite, il n'y arrivera pas. (oui, c'est un
spoiler). Mais ça n'est pas seulement parce qu'il se révèle être un
individu assez médiocre. C'est aussi parce que, à travers cette planète
qui refroidit, l'auteur crée une espèce de métaphore de la vie qui ne
réserve qu'un avenir obscur à chacun d'entre nous, qu'il soit vaillant
ou misérable. Et, croyez-en l'auteur du trône de fer, il nous
démontrera, exemples à l'abri, qu'il n'y a ni justice, ni honeur à
mourir, même quand la cause est noble. Non, la mort, c'est juste unir
son destin à celui d'un monde qui se meurt. Un monde dont, d'ailleurs,
l'oeuvre la plus spectaculaire est une ville que le vent de ce monde
utilise comme instrument de musique pour créer une mélodie morbide,
blague funèbre des créateurs de cette ville inhabitable.
Cet aspect sombre, morbide, funèbre est présent tout au long du roman.
Chaque description de ville, de personnage, fait appel au vocabulaire de
la mort, de la vieillesse, de la décrépitude, de la perte. Pas d'yeux
rieurs,de visage poupin ou de silhouette sportive (sauf chez les
guerriers les plus ignorants de la peur).
Ca donne du coup un roman ... triste, je l'ai dit.
Un roman triste, et daté. Parce que si certains romans écrits dans les
années 70 ont conservé leurs qualités grâce à une écriture ciselée et un
thème intemporel, ça n'est pas le cas ici : il y a un ordinateur
central, il y a des pistolets laser, il y a des voyages plus rapides que
la lumière, et surtout des personnages exotiques aux noms étranges et
aux tenues vaguement moyenâgeuses. Pour tout dire, j'ai eu bien souvent
l'impression de lire du medfan des années 50, ce qui à mon sens gâche
pas mal les choses.
Du coup, entre un thème franchement sombre, une écriture datée, ça ne me
surprend pas que ce roman ne soit paru que maintenant : c'est uniquement
à cause du succès du trône de fer. Ce qui est dommage, puisque je me
suis laissé dire qu'il avait écrit d'autres romans bien meilleurs
(Armageddon Rag, ou même les voyages de Haviland Tuff). Je ne dirais
même pas que c'est un roman à réserver aux fans de l'auteur, parce qu'il
n'y a rien d'autre qu'une déprime.
En fait, voilà, c'est ça le seul intérêt du roman : démontrer ce qu'est
un roman authentiquement déprimant. En ce sens, et en ce sens uniquement
(ce qui n'est déja pas mal, hein), c'est une réussite
--
Nicolas delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner
Charles Vassallo
2014-06-16 09:48:03 UTC
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Post by Nicolas Delsaux
L'agonie de la lumière by George R.R. Martin
Quel roman sinistre !
[...]
En fait, voilà, c'est ça le seul intérêt du roman : démontrer ce qu'est
un roman authentiquement déprimant. En ce sens, et en ce sens uniquement
(ce qui n'est déja pas mal, hein), c'est une réussite
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Post by Nicolas Delsaux
Du coup, entre un thème franchement sombre, une écriture datée, ça ne me
surprend pas que ce roman ne soit paru que maintenant : c'est uniquement
à cause du succès du trône de fer....
Objection ! Paru en 1980 dans l'orbite du CLA, Editions du Masque,
traduction J.P. Pugi, donc bien avant que l'hiver ne revienne. Réédité
en 80, 89 et 2005, selon ouiqui).

J'ai trouvé une analyse beaucoup plus en harmonie avec ma propre
impression du titre http://www.belial.fr/blog/l-agonie-de-la-lumiere. On
y cite un autre titre «Elle qui chevauche les tempêtes», collaboration
GRR Martin et Lisa Tuttle -- magnifique, amha, et pas gai non plus...

charles
Nicolas Delsaux
2014-06-16 09:59:44 UTC
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Post by Charles Vassallo
Post by Nicolas Delsaux
Du coup, entre un thème franchement sombre, une écriture datée, ça ne me
surprend pas que ce roman ne soit paru que maintenant : c'est uniquement
à cause du succès du trône de fer....
Objection ! Paru en 1980 dans l'orbite du CLA, Editions du Masque,
traduction J.P. Pugi, donc bien avant que l'hiver ne revienne. Réédité
en 80, 89 et 2005, selon ouiqui).
Effectivement, effectivement.
Post by Charles Vassallo
J'ai trouvé une analyse beaucoup plus en harmonie avec ma propre
impression du titre http://www.belial.fr/blog/l-agonie-de-la-lumiere. On
y cite un autre titre «Elle qui chevauche les tempêtes», collaboration
GRR Martin et Lisa Tuttle -- magnifique, amha, et pas gai non plus...
Je tiens Elle qui chevauche les tempêtes pour bien plus beau que ce
roman. Je vais par ailleurs me contenter de citer la phrase de
conclusion de l'article que tu cite :

"L'Agonie de la lumière a l’âpre beauté crépusculaire de Worlorn ; il
vous laisse un goût ô combien délicieux de cendre et de suie."

Ce qui devrait nous réconcilier, non ?
C'est un roman créupusculaire, la description d'une fin de monde(s) qui
n'est que le décor de la fin d'un amour.
Alors effectivement, c'est beau. Mais c'est aussi, et surtout, d'une
tristesse totallement déprimante, je trouve.
--
Nicolas delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner
Charles Vassallo
2014-06-16 10:17:17 UTC
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Post by Nicolas Delsaux
Ce qui devrait nous réconcilier, non ?
Il n'y a pas d'offense. Je lis toujours tes interventions avec beaucoup
d'intérêt.



Charles
h***@messagerie.net
2014-06-16 17:02:42 UTC
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On 16/06/2014 11:48, Charles Vassallo wrote: > >> Du coup, entre un th�me franchement sombre, une �criture dat�e, �a ne me >> surprend pas que ce roman ne soit paru que maintenant : c'est uniquement >> � cause du succ�s du tr�ne de fer.... > > Objection ! Paru en 1980 dans l'orbite du CLA, Editions du Masque, > traduction J.P. Pugi, donc bien avant que l'hiver ne revienne. R��dit� > en 80, 89 et 2005, selon ouiqui). Effectivement, effectivement.
C'est quand même l'effet _Game of Thrones_ qui explique certaines choses : le blurb du tp de 2012, l'endorsement par Jordan pour le pb britannique et surement l'existance d'un hc à 125 USD. Le tout pour un titre dont la carrière n'a pas été exceptionnelle, voir http://www.isfdb.org/cgi-bin/title.cgi?2030 . On notera au passage le changement de titre entre la serialisation et la parution en volume (il ne semble pas y avoir eu d'altérations).
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