Yliur
2011-12-12 19:21:06 UTC
Les romans ne peuvent pas être lus séparément :
Hypérion (tomes 1 et 2)
La chute d'Hypérion (tomes 1 et 2)
(Dan Simmons)
J'ai (enfin) pris le temps de terminer Hypérion :) .
C'est une oeuvre connue, ceux qui l'ont lue sont invités à donner leur
avis, à compléter ou contester. Je suis presque sûr d'avoir droit à une
remarque de Laurent, c'est l'occasion de détailler son avis sur ces
romans, au lieu de simplement nous chanter les louanges de son
demi-dieu ;) .
Quelques dix siècles dans le futur, la Terre a été détruite lors de la
Grande Erreur et l'humanité a utilisé la technologie distrans pour
commencer son expansion dans la galaxie. Une grande partie de
l'humanité habite les planètes sous contrôle du gouvernement central de
l'Hégémonie. Ces mondes sont reliés par le Retz, réseau de portes
distrans qui permettent de se rendre instantanément à toute autre
porte, sur la même planète ou ailleurs. L'autre partie de l'humanité,
les Extros, vit dans l'espace, regroupée en essaims à la périphérie des
mondes de L'Hégémonie. Les humains disposent de moyens de déplacement
dans l'espace, mais le voyage est très long et les voyageurs soumis aux
effets relativistes (le voyage n'est pas si long que ça pour eux, mais
beaucoup de temps s'est écoulé quand ils arrivent). Dans ce monde, les
IA ont pris une place très importante et ont fini par créer leur propre
nation, le TechnoCentre, qui a établi un partenariat avec l'Hégémonie
et lui sert de conseiller grâce à ses prévisions (presque) parfaites.
Hypérion est une planète colonie, pas encore intégrée à l'Hégémonie et
au Retz, qui a la particularité d'abriter les Tombeaux du Temps,
mystérieux artefacts qui semblent remonter le temps vers le présent. La
planète se retrouve donc sous tous les regards quand les Tombeaux du
Temps semblent sur le point de s'ouvrir et qu'un mouvement des Extros
(qui durera des années) vers la planète est détecté. C'est à ce moment
que commence l'histoire, avec l'annonce du choix par l'Église
gritchtèque, qui voue un culte au légendaire et monstrueux Gritche
d'Hypérion, des sept individus qui doivent partir en pèlerinage. Alors
que tout le monde tente de fuir la planète, eux commencent leur voyage
dans le sens inverse.
Les deux premiers tomes sont constitués du récit des pèlerins. Ces
personnages qui ne se sont jamais rencontrés décident de partager leurs
histoires pour tenter d'y voir plus clair. Six pèlerins ont le temps de
raconter leur histoire, six nouvelles dans l'univers d'Hypérion,
entrecoupées de la narration de leur voyage/pèlerinage. Ces récits sont
l'occasion de découvrir différents aspects de cet univers (politiques,
technologiques, vie courante, diversité des mondes, ...), ils plantent
un vaste décor dans des styles très différents les uns des autres.
Courte présentation des personnages, sans trop en dévoiler :
- Hoyt, le prêtre de l'Église Catholique, moribonde, qui raconte le
voyage d'un autre prêtre sur Hypérion et la découverte d'une
mystérieuse peuplade.
- Le colonel Kassad, qui poursuit une mystérieuse inconnue
rencontrée dans les mondes virtuels des simulateurs de combat de
l'armée.
- Le poète Martin Silenus, qui semble venir du fond des âges, qui
pense que ses poèmes créent le monde et l'histoire qu'ils sont en
train de vivre et espère pouvoir terminer un jour ses Cantos.
- Sol Weintraub, érudit juif d'un monde relativement isolé, dont la
fille rajeunit d'une journée à chaque jour qui passe, oubliant sa
vie d'adulte.
- La détective Brawne Lamia, dont il est difficile de dévoiler
l'histoire sans en dire trop, récit d'enquête plutôt cyberpunk.
- Le Consul, ex-gouverneur d'Hypérion. Encore plus difficile à
dévoiler, mais le meilleur et le plus important des récits à mon
goût, qui donne un contrepoint aux autres visions de l'Hégémonie.
- Le septième pèlerin est un Templier, membre d'un ordre spirituel
et écologiste, qui guide ce petit monde dans le pèlerinage.
Les deux tomes suivants racontent les événements du pèlerinage, la
guerre contre les Extros et autres manoeuvres politiques. Je ne raconte
rien, disons simplement qu'on observe tout ça de points de vue
multiples et entrecroisés (les pèlerins éparpillés, le Conseil de
guerre de l'Hégémonie où affluent les informations et se prennent les
décisions, ...). L'intrigue se dévoile progressivement : quels sont les
objectifs réels des Extros, des IA, de Meina Gladstone, présidente de
l'Hégémonie, quel rôle joue chacun des personnages ? D'où viennent les
Tombeaux, à quoi servent-il ? Et le Gritche dans tout ça ? Drame à
l'échelle cosmique, voire du Temps, le rôle précis de certains éléments
omniprésents est parfois difficiles à suivre. Par exemple le Gritche ou
le deuxième cybride (personnalité humaine reconstituée sous forme d'une
IA dans un corps humain) de Keats. C'est-à-dire que si je devais faire
un résumé du rôle précis de chaque personnage dans l'ensemble, de ce
qu'il réalise réellement et de ce qu'il apporte au récit, je serais un
peu embêté tant c'est mêlé et entrecroisé. C'est un peu déroutant de se
rendre compte de ça, même une fois les livres terminés. Le récit est
facile à suivre, les clés sont révélées à la fin, mais il n'est pas
évident de resituer tous les événements de tous ces fils dans un grand
tableau. Certains événements évoqués seront probablement détaillés dans
Endymion, le cycle qui suit. Le Conseil de guerre de l'Hégémonie est le
lieu qui permet le plus de faire avancer l'intrigue, de rassembler les
informations connues, et les séances du Conseil sont parmi les moments
où la tension est la plus palpable, au milieu des analyses de la
situation (attention, un goût personnel pour ce genre de cadre/thème
biaise sans doute un peu mon avis sur cette question :) ).
Tout au long de l'histoire, l'univers se découvre : aspects politiques,
religieux, impact sur le monde des technologies de transport
instantané, de l'omniprésente infosphère, liens entre l'expansion
humaine et le tourisme d'une part et l'écologie et la place des autres
espèces d'autre part, ... les thèmes ne sont pas forcément détaillés,
mais beaucoup d'éléments passent ça et là, donnant l'impression d'un
vrai monde vivant et riche. Le récit s'attache au moins autant aux
individus (notamment les pèlerins), pour leur rôle mais aussi leur côté
humain, leurs souffrances, leur perception des événements, de la
vie, ... qu'aux grands événements et décisions. Au point que le récit
ne me semble volontairement pas réellement centré sur les grands
événements du monde. Ils sont bien entendu très importants, mais j'ai
l'impression que le parcours des personnages à travers ces temps
troublés l'est tout autant.
Les deux parties du cycle sont remplies d'images de ce monde, scènes de
vie courante, paysages variés, scènes de fin du monde, parfois
impressionnantes comme la plongée dans l'infoplan (le monde de
l'information et des IA, à rapprocher de la matrice de Neuromancien),
la description d'une maison multi-mondes (chaque porte est un portail
distrans, chaque pièce se trouve sur un monde différent, avec une vue
différente) ou encore ce fleuve qui coule de monde en monde à travers
des portails. Les scènes ne sont pas décrites longuement mais elles
sont insérées comme des peintures partout dans la narration, ce qui en
ralentit le rythme. C'est là qu'on arrive à l'aspect qui m'a un peu
moins plu : j'ai beaucoup aimé ce monde riche et le dévoilement
progressif des rouages et les plans des uns et des autres, mais je
trouve que le récit avance lentement. Les périodes de découverte des
ficelles, d'analyse, de prise de décision qui alternent avec des
moments où les événements sont beaucoup moins denses (le voyage des
pèlerins notamment), mais aussi les images ou les extraits de poèmes
des XIXème - XXème siècle (notamment ceux de Keats, auteur de deux
poèmes nommés Hypérion et Endymion, que je n'ai pas encore lus). Ce
côté un peu contemplatif et le fait que les histoires entrecroisées des
uns et des autres partent un peu dans tous les sens (y compris des
retours sur leur passé) donnent un côté un peu lent à l'ensemble, là où
j'aurais aimé que les grands événements prennent plus de place par
rapport aux récits humains. C'est peut-être le prix des vues aussi
variées sur le monde, du côté humain très accentué des personnages, du
fait que certains sont assez portés sur l'introspection, qu'ils ont une
vraie histoire, un vrai passé, de vrais liens avec l'univers, mais du
coup cette intensité très variable, ce côté assez diffus des événements
m'a empêchée d'accrocher totalement. Une perception sans doute très
personnelle, si le lecteur préfère les personnages ou les peintures de
l'univers il devrait être servi :) .
Yliur
Hypérion (tomes 1 et 2)
La chute d'Hypérion (tomes 1 et 2)
(Dan Simmons)
J'ai (enfin) pris le temps de terminer Hypérion :) .
C'est une oeuvre connue, ceux qui l'ont lue sont invités à donner leur
avis, à compléter ou contester. Je suis presque sûr d'avoir droit à une
remarque de Laurent, c'est l'occasion de détailler son avis sur ces
romans, au lieu de simplement nous chanter les louanges de son
demi-dieu ;) .
Quelques dix siècles dans le futur, la Terre a été détruite lors de la
Grande Erreur et l'humanité a utilisé la technologie distrans pour
commencer son expansion dans la galaxie. Une grande partie de
l'humanité habite les planètes sous contrôle du gouvernement central de
l'Hégémonie. Ces mondes sont reliés par le Retz, réseau de portes
distrans qui permettent de se rendre instantanément à toute autre
porte, sur la même planète ou ailleurs. L'autre partie de l'humanité,
les Extros, vit dans l'espace, regroupée en essaims à la périphérie des
mondes de L'Hégémonie. Les humains disposent de moyens de déplacement
dans l'espace, mais le voyage est très long et les voyageurs soumis aux
effets relativistes (le voyage n'est pas si long que ça pour eux, mais
beaucoup de temps s'est écoulé quand ils arrivent). Dans ce monde, les
IA ont pris une place très importante et ont fini par créer leur propre
nation, le TechnoCentre, qui a établi un partenariat avec l'Hégémonie
et lui sert de conseiller grâce à ses prévisions (presque) parfaites.
Hypérion est une planète colonie, pas encore intégrée à l'Hégémonie et
au Retz, qui a la particularité d'abriter les Tombeaux du Temps,
mystérieux artefacts qui semblent remonter le temps vers le présent. La
planète se retrouve donc sous tous les regards quand les Tombeaux du
Temps semblent sur le point de s'ouvrir et qu'un mouvement des Extros
(qui durera des années) vers la planète est détecté. C'est à ce moment
que commence l'histoire, avec l'annonce du choix par l'Église
gritchtèque, qui voue un culte au légendaire et monstrueux Gritche
d'Hypérion, des sept individus qui doivent partir en pèlerinage. Alors
que tout le monde tente de fuir la planète, eux commencent leur voyage
dans le sens inverse.
Les deux premiers tomes sont constitués du récit des pèlerins. Ces
personnages qui ne se sont jamais rencontrés décident de partager leurs
histoires pour tenter d'y voir plus clair. Six pèlerins ont le temps de
raconter leur histoire, six nouvelles dans l'univers d'Hypérion,
entrecoupées de la narration de leur voyage/pèlerinage. Ces récits sont
l'occasion de découvrir différents aspects de cet univers (politiques,
technologiques, vie courante, diversité des mondes, ...), ils plantent
un vaste décor dans des styles très différents les uns des autres.
Courte présentation des personnages, sans trop en dévoiler :
- Hoyt, le prêtre de l'Église Catholique, moribonde, qui raconte le
voyage d'un autre prêtre sur Hypérion et la découverte d'une
mystérieuse peuplade.
- Le colonel Kassad, qui poursuit une mystérieuse inconnue
rencontrée dans les mondes virtuels des simulateurs de combat de
l'armée.
- Le poète Martin Silenus, qui semble venir du fond des âges, qui
pense que ses poèmes créent le monde et l'histoire qu'ils sont en
train de vivre et espère pouvoir terminer un jour ses Cantos.
- Sol Weintraub, érudit juif d'un monde relativement isolé, dont la
fille rajeunit d'une journée à chaque jour qui passe, oubliant sa
vie d'adulte.
- La détective Brawne Lamia, dont il est difficile de dévoiler
l'histoire sans en dire trop, récit d'enquête plutôt cyberpunk.
- Le Consul, ex-gouverneur d'Hypérion. Encore plus difficile à
dévoiler, mais le meilleur et le plus important des récits à mon
goût, qui donne un contrepoint aux autres visions de l'Hégémonie.
- Le septième pèlerin est un Templier, membre d'un ordre spirituel
et écologiste, qui guide ce petit monde dans le pèlerinage.
Les deux tomes suivants racontent les événements du pèlerinage, la
guerre contre les Extros et autres manoeuvres politiques. Je ne raconte
rien, disons simplement qu'on observe tout ça de points de vue
multiples et entrecroisés (les pèlerins éparpillés, le Conseil de
guerre de l'Hégémonie où affluent les informations et se prennent les
décisions, ...). L'intrigue se dévoile progressivement : quels sont les
objectifs réels des Extros, des IA, de Meina Gladstone, présidente de
l'Hégémonie, quel rôle joue chacun des personnages ? D'où viennent les
Tombeaux, à quoi servent-il ? Et le Gritche dans tout ça ? Drame à
l'échelle cosmique, voire du Temps, le rôle précis de certains éléments
omniprésents est parfois difficiles à suivre. Par exemple le Gritche ou
le deuxième cybride (personnalité humaine reconstituée sous forme d'une
IA dans un corps humain) de Keats. C'est-à-dire que si je devais faire
un résumé du rôle précis de chaque personnage dans l'ensemble, de ce
qu'il réalise réellement et de ce qu'il apporte au récit, je serais un
peu embêté tant c'est mêlé et entrecroisé. C'est un peu déroutant de se
rendre compte de ça, même une fois les livres terminés. Le récit est
facile à suivre, les clés sont révélées à la fin, mais il n'est pas
évident de resituer tous les événements de tous ces fils dans un grand
tableau. Certains événements évoqués seront probablement détaillés dans
Endymion, le cycle qui suit. Le Conseil de guerre de l'Hégémonie est le
lieu qui permet le plus de faire avancer l'intrigue, de rassembler les
informations connues, et les séances du Conseil sont parmi les moments
où la tension est la plus palpable, au milieu des analyses de la
situation (attention, un goût personnel pour ce genre de cadre/thème
biaise sans doute un peu mon avis sur cette question :) ).
Tout au long de l'histoire, l'univers se découvre : aspects politiques,
religieux, impact sur le monde des technologies de transport
instantané, de l'omniprésente infosphère, liens entre l'expansion
humaine et le tourisme d'une part et l'écologie et la place des autres
espèces d'autre part, ... les thèmes ne sont pas forcément détaillés,
mais beaucoup d'éléments passent ça et là, donnant l'impression d'un
vrai monde vivant et riche. Le récit s'attache au moins autant aux
individus (notamment les pèlerins), pour leur rôle mais aussi leur côté
humain, leurs souffrances, leur perception des événements, de la
vie, ... qu'aux grands événements et décisions. Au point que le récit
ne me semble volontairement pas réellement centré sur les grands
événements du monde. Ils sont bien entendu très importants, mais j'ai
l'impression que le parcours des personnages à travers ces temps
troublés l'est tout autant.
Les deux parties du cycle sont remplies d'images de ce monde, scènes de
vie courante, paysages variés, scènes de fin du monde, parfois
impressionnantes comme la plongée dans l'infoplan (le monde de
l'information et des IA, à rapprocher de la matrice de Neuromancien),
la description d'une maison multi-mondes (chaque porte est un portail
distrans, chaque pièce se trouve sur un monde différent, avec une vue
différente) ou encore ce fleuve qui coule de monde en monde à travers
des portails. Les scènes ne sont pas décrites longuement mais elles
sont insérées comme des peintures partout dans la narration, ce qui en
ralentit le rythme. C'est là qu'on arrive à l'aspect qui m'a un peu
moins plu : j'ai beaucoup aimé ce monde riche et le dévoilement
progressif des rouages et les plans des uns et des autres, mais je
trouve que le récit avance lentement. Les périodes de découverte des
ficelles, d'analyse, de prise de décision qui alternent avec des
moments où les événements sont beaucoup moins denses (le voyage des
pèlerins notamment), mais aussi les images ou les extraits de poèmes
des XIXème - XXème siècle (notamment ceux de Keats, auteur de deux
poèmes nommés Hypérion et Endymion, que je n'ai pas encore lus). Ce
côté un peu contemplatif et le fait que les histoires entrecroisées des
uns et des autres partent un peu dans tous les sens (y compris des
retours sur leur passé) donnent un côté un peu lent à l'ensemble, là où
j'aurais aimé que les grands événements prennent plus de place par
rapport aux récits humains. C'est peut-être le prix des vues aussi
variées sur le monde, du côté humain très accentué des personnages, du
fait que certains sont assez portés sur l'introspection, qu'ils ont une
vraie histoire, un vrai passé, de vrais liens avec l'univers, mais du
coup cette intensité très variable, ce côté assez diffus des événements
m'a empêchée d'accrocher totalement. Une perception sans doute très
personnelle, si le lecteur préfère les personnages ou les peintures de
l'univers il devrait être servi :) .
Yliur