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[Avis] regarde le soleil
(trop ancien pour répondre)
Nicolas Delsaux
2012-01-21 10:06:21 UTC
Permalink
Regarde le Soleil by James Patrick Kelly

rating frequency % #
5 0% 0
4 0% 0
3 84% 11
2 7% 1 <======= je suis là !
1 7% 1

Mass Market Paperback, 368 pages
Published October 27th 2011 by Gallimard (first published 1989)
ISBN 2070439941 (ISBN13: 9782070439942)

edition language French

original title Look into the Sun

Dans ce roman, on suit Philip Wing, architecte du futur (non pas qu'il
crée notre futur, mais il est architecte dans une époque future
indéterminée).
Dans ce futur, la Terre est gentiment sondée par "les messagers" pour
rejoindre la communauté des espèces intergallactiques qui sont assez
intelligentes pour se parler.
Du fait de ces échanges d'information, on en vient, parce que Philip
Wing est - hasard ou coïncidence - le Gugenheim de l'époque, à lui
demander de s'en aller sur une planète lointaine et peuplée
(évidement, puisque les terriens restent coincés dans leur puits
gravitationnel) pour y batir le tombeau de leur principale dirigeante.
ce pour quoi il devra devenir comme eux (c'est-à-dire un extra-
terrestre).
Ce court résumé vous révèle une bonne partie de l'intrigue, qui est
somme toute assez transparente. Dans ce roman, il n'y a donc pas de
course-poursuite, pas de fin du monde, pas même de combat de rue. Rien
qu'un homme, que son destin va emmener plus loin qu'aucun autre avant
lui. Pour un voyage qui ne pourra pas le ramener dans son présent
(sans voyage plus vite que la lumière, faut pas rêver, aller à 80
années-lumières et en revenir, c'est fair eun voyage d'au moins 160
ans dans le futur). Du coup, on se demande bien à quoi l'auteur peut
occuper les 350 pages de ce roman.
Eh bien la réponse est somme toute assez simple. D'abord, il faut
convaincre le personnage principal de quitter sa Terre natale (ce qui,
évidement, se fera avec un peu de manipulation). Ensuite, il faut
qu'il s'adapte à sa nouvelle planète avant enfin de s'atteler à sa
création. Tout ça ne va évidement pas sans mal, et c'est bien pour ça
que le roman est si long : il ne veut pas partir, ni même parler aux
"messagers", il ne veut pas non plus parler avec les fameux extra-
terrestres, qu'il considère comme effrayants, et enfin il a beaucoup
de mal à adapter son art à l'environnement local (puisque sur cette
autre planète la gravité est inférieure d'un quart).
Bon, vous me connaissez, d'habitude, l'introspection, je n'aime pas.
Eh bien ... là non plus. Sauf qu'en fait, il n'y en a pas trop : si on
suit les pas du personnage principal, son état d'esprit ne nous est
révélé que dans les dialogues, ou dans les rares scènes où il pète les
plombs. Du coup, j'ai eu l'impression que l'auteur restait toujours au
bord de cet abîme, dans lequel il aurait pu tomber si facilement.
Risqué, mais somme tout assez plaisant du point de vue du lecteur.
A côté de ça, évidement, le roman nous gratifie d'une race extra-
terrestre raisonnablement proche des humains pour que ce soit facile à
comprendre (mis à part bien sûr le messager nommé Mendele - qui semble
trouver son nom dans al culture judaïque), mais égaelment suffisament
différente pour que le sentiment d'altérité soit palpable : ils sont
poilus, ne se regardent jamais dans les yeux, et utilisent donc un
système de communication non verbale à base de signes des mains assez
difficile à traduire dans un roman (je trouve d'ailleurs que c'était
une rassez mauvaise idée de l'auteur, puisqu'on ne comprend pas trop
les signes, mais uniquement leur contenu). Ah, et ils sont quasment
immortels : quand ils deviennent vieux, ils vont dans un endroit
spécial où ils se régénèrent en quelques années (enfin, je l'ai
compris comme ça).
D'autres thèmes sont également intégrés : les implants (qui permettent
au personnage principal de comprendre ces extra-terrestres), la nature
des fameux messagers, la nature également de la religion de ces extra-
terrestres (celle-ci m'a paru assez ridiculement basée sur les rituels
et franchement vide de sens).
Le problème de ce roman, en fait, c'est que si de nombreux thèmes sont
abordés, ils le sont tous avec une espèce de dilettantisme assez
agaçant. En effet, il aurait pu nous écrire un authentique roman sur
le déracinement, et ça aurait marché. Il aurait pu aussi nous parler
de l'altérité et de la rencontre entre deux individus d'espèces
différentes (ç'aurait donné au roman un ton proche de celui de Les
amants étrangers dont on est assez proche, mais sans - je trouve - le
côté profondément charnel et émouvant). Ou alors nous parler de la
transformation de Philip Wing, et on se serait rapproché de Projet
Miracle. Ou encore nous plonger dans les affres de la création, qui
nous aurait rapproché de La mémoire de la lumière. Ou même, il aurait
pu se focaliser sur les messagers et leur fameux message, et nous
révéler la vérité dans une scène digne de Un feu sur l'abime (quand on
apprend que les espèces de cacttus en pots intelligents sont en fait
le Mal). Hélas, l'auteur hésite entre toutes ces directions, et le
roman perd beaucoup en force, je trouve, pour n'être qu'une chronique
de la vie de Philip Wing, architecte, humain, extra-terrestre, amant,
et paumé de première.
Du coup, en recommander la lecture serait à mon avis assez risqué. Ne
le lisez donc que si vous vous spécialisez dans l'étude de
l'architecture extra-terrestre.
UBUjean-jacques viala
2012-01-21 19:11:59 UTC
Permalink
On Sat, 21 Jan 2012 02:06:21 -0800 (PST), Nicolas Delsaux
Post by Nicolas Delsaux
Regarde le Soleil by James Patrick Kelly
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4 0% 0
3 84% 11
2 7% 1 <======= je suis là !
1 7% 1
Mass Market Paperback, 368 pages
Published October 27th 2011 by Gallimard (first published 1989)
ISBN 2070439941 (ISBN13: 9782070439942)
edition language French
original title Look into the Sun
Dans ce roman, on suit Philip Wing, architecte du futur (non pas qu'il
crée notre futur, mais il est architecte dans une époque future
indéterminée).
Dans ce futur, la Terre est gentiment sondée par "les messagers" pour
rejoindre la communauté des espèces intergallactiques qui sont assez
intelligentes pour se parler.
Du fait de ces échanges d'information, on en vient, parce que Philip
Wing est - hasard ou coïncidence - le Gugenheim de l'époque, à lui
demander de s'en aller sur une planète lointaine et peuplée
(évidement, puisque les terriens restent coincés dans leur puits
gravitationnel) pour y batir le tombeau de leur principale dirigeante.
ce pour quoi il devra devenir comme eux (c'est-à-dire un extra-
terrestre).
Ce court résumé vous révèle une bonne partie de l'intrigue, qui est
somme toute assez transparente. Dans ce roman, il n'y a donc pas de
course-poursuite, pas de fin du monde, pas même de combat de rue. Rien
qu'un homme, que son destin va emmener plus loin qu'aucun autre avant
lui. Pour un voyage qui ne pourra pas le ramener dans son présent
(sans voyage plus vite que la lumière, faut pas rêver, aller à 80
années-lumières et en revenir, c'est fair eun voyage d'au moins 160
ans dans le futur). Du coup, on se demande bien à quoi l'auteur peut
occuper les 350 pages de ce roman.
Eh bien la réponse est somme toute assez simple. D'abord, il faut
convaincre le personnage principal de quitter sa Terre natale (ce qui,
évidement, se fera avec un peu de manipulation). Ensuite, il faut
qu'il s'adapte à sa nouvelle planète avant enfin de s'atteler à sa
création. Tout ça ne va évidement pas sans mal, et c'est bien pour ça
que le roman est si long : il ne veut pas partir, ni même parler aux
"messagers", il ne veut pas non plus parler avec les fameux extra-
terrestres, qu'il considère comme effrayants, et enfin il a beaucoup
de mal à adapter son art à l'environnement local (puisque sur cette
autre planète la gravité est inférieure d'un quart).
Bon, vous me connaissez, d'habitude, l'introspection, je n'aime pas.
Eh bien ... là non plus. Sauf qu'en fait, il n'y en a pas trop : si on
suit les pas du personnage principal, son état d'esprit ne nous est
révélé que dans les dialogues, ou dans les rares scènes où il pète les
plombs. Du coup, j'ai eu l'impression que l'auteur restait toujours au
bord de cet abîme, dans lequel il aurait pu tomber si facilement.
Risqué, mais somme tout assez plaisant du point de vue du lecteur.
A côté de ça, évidement, le roman nous gratifie d'une race extra-
terrestre raisonnablement proche des humains pour que ce soit facile à
comprendre (mis à part bien sûr le messager nommé Mendele - qui semble
trouver son nom dans al culture judaïque), mais égaelment suffisament
différente pour que le sentiment d'altérité soit palpable : ils sont
poilus, ne se regardent jamais dans les yeux, et utilisent donc un
système de communication non verbale à base de signes des mains assez
difficile à traduire dans un roman (je trouve d'ailleurs que c'était
une rassez mauvaise idée de l'auteur, puisqu'on ne comprend pas trop
les signes, mais uniquement leur contenu). Ah, et ils sont quasment
immortels : quand ils deviennent vieux, ils vont dans un endroit
spécial où ils se régénèrent en quelques années (enfin, je l'ai
compris comme ça).
D'autres thèmes sont également intégrés : les implants (qui permettent
au personnage principal de comprendre ces extra-terrestres), la nature
des fameux messagers, la nature également de la religion de ces extra-
terrestres (celle-ci m'a paru assez ridiculement basée sur les rituels
et franchement vide de sens).
Le problème de ce roman, en fait, c'est que si de nombreux thèmes sont
abordés, ils le sont tous avec une espèce de dilettantisme assez
agaçant. En effet, il aurait pu nous écrire un authentique roman sur
le déracinement, et ça aurait marché. Il aurait pu aussi nous parler
de l'altérité et de la rencontre entre deux individus d'espèces
différentes (ç'aurait donné au roman un ton proche de celui de Les
amants étrangers dont on est assez proche, mais sans - je trouve - le
côté profondément charnel et émouvant). Ou alors nous parler de la
transformation de Philip Wing, et on se serait rapproché de Projet
Miracle. Ou encore nous plonger dans les affres de la création, qui
nous aurait rapproché de La mémoire de la lumière. Ou même, il aurait
pu se focaliser sur les messagers et leur fameux message, et nous
révéler la vérité dans une scène digne de Un feu sur l'abime (quand on
apprend que les espèces de cacttus en pots intelligents sont en fait
le Mal). Hélas, l'auteur hésite entre toutes ces directions, et le
roman perd beaucoup en force, je trouve, pour n'être qu'une chronique
de la vie de Philip Wing, architecte, humain, extra-terrestre, amant,
et paumé de première.
Du coup, en recommander la lecture serait à mon avis assez risqué. Ne
le lisez donc que si vous vous spécialisez dans l'étude de
l'architecture extra-terrestre.
vous étes trop dur c'est de la vraie bonne SF, sans poursuite spatiale
ni effondrement gravitationnel.

et y'a une chute, hein si mes souvenirs sont bons.
--
UBU

La France, ce n’est pas une ethnie, ce n’est pas une race ; la France
est une communauté de valeurs.

Sarkosy
Nicolas Delsaux
2012-01-23 08:58:00 UTC
Permalink
Post by UBUjean-jacques viala
vous étes trop dur
Oui, mais c'est mon droit de lecteur.
Post by UBUjean-jacques viala
c'est de la vraie bonne SF, sans poursuite spatiale
ni effondrement gravitationnel.
Jusqu'à preuve du contraire, la présence de ces éléments ne rend pas
un roman obligatoirement mauvais, et à contrario leur absence ne rend
pas le roman bon.
Post by UBUjean-jacques viala
et y'a une chute, hein si mes souvenirs sont bons.
Une chute ? Heu ? Bon, à la rigueur (attention aux spoilers en-
dessous)





Le fait que Wing reste chez ses amis les extra-terrestres semble un
peu surprenant de primer abord, même si Ndavu l'explicite dès le début
du roman, en nous indiquant que Wing n'est l'homme d'aucun lieu.
Jean-Marc Desperrier
2012-01-27 09:44:13 UTC
Permalink
Post by Nicolas Delsaux
pour y batir le tombeau de leur principale dirigeante.
Post by Nicolas Delsaux
ce pour quoi il devra devenir comme eux (c'est-à-dire un extra-
terrestre).
[...] ils sont quasiment
immortels : quand ils deviennent vieux, ils vont dans un endroit
spécial où ils se régénèrent en quelques années (enfin, je l'ai
compris comme ça).
Mais du coup, ça semble un peu contradictoire, j'imagine la parodie :
- Quand je serais morte, je veux un super tombeau, et ici personne n'est
capable d'en fabriquer un !
- Mais sur cette planète personne ne meurt, c'est pour ça qu'on a aucune
connaissance dans le domaine
- Bawahhhaaahaha ! C'est un *scandale*, je *veux* *mon* *tombeau* !
Nicolas Delsaux
2012-01-27 12:42:37 UTC
Permalink
Post by Jean-Marc Desperrier
- Quand je serais morte, je veux un super tombeau, et ici personne n'est
capable d'en fabriquer un !
- Mais sur cette planète personne ne meurt, c'est pour ça qu'on a aucune
connaissance dans le domaine
- Bawahhhaaahaha ! C'est un *scandale*, je *veux* *mon* *tombeau* !
Ah, il me semble bien que tu as mis le doigt sur un point que je
n'avais peut-être pas bien compris.
A un moment, dans le roman, le "messager" explique que si les extra-
terrestres ont des vies longues masi ternes, les humaisn à la vie
brève sont, eux, nettement plus créatifs et ont une vie plus intense,
ce qui fait que, par exemple, l'architecture terrienne est nettement
plus développée que cette civilisation de demi-immortels (où en plus
la culture et la religion font tendre le mode de vie vers la stase :
répéter éternellement le mode de vie du passé, et n'y rien changer,
car le changement c'est nécessairement la dégradation).

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