Discussion:
[Avis] le fleuve des dieux
(trop ancien pour répondre)
Nicolas Delsaux
2014-03-27 15:46:02 UTC
Permalink
Le Fleuve des dieux (India 2047 #1)
by Ian McDonald, Gilles Goullet (Translator)

rating frequency % #
5 29% 473
4 40% 655 <== je suis dans ce paquet
3 20% 333
2 6% 103
1 2% 42

Mass Market Paperback, 840 pages
Published September 26th 2013 by Folio (first published September 18th 2009)
ISBN 2070453618 (ISBN13: 9782070453610)
edition language French
series India 2047 #1
setting India

literary awards Arthur C. Clarke Award Nominee (2005), British Science
Fiction Association Award for Novel (2005), Grand Prix de l'Imaginaire
for Roman étranger (2011), Prix Bob Morane for roman traduit (2011),
Cena Akademie SFFH for Kniha roku (Book of the Year) (2009)

Difficile de décrire cet épais roman. Commençons par le décor : vous
connaissez Varanaci ? Non ? Eh bien Wikipedia en dit


Varanasi (hindi, वाराणसी (vārānasī) [ʋɑrɑɳɐsiː]') ou Bénarès
([bɐnɑrɐs]) est une ville de l'État indien de l'Uttar Pradesh. Située
sur la rive gauche du Gange, la ville est considérée comme l'une des
villes les plus anciennement habitées du monde1. Dédiée à Shiva, elle
est la capitale spirituelle de l'Inde et la principale ville sacrée de
l'hindouisme.


Une fois muni de ces informations que je n'avais pas en lisant ce roman,
inclute que je suis, vous comprendrez vite qu'il s'gait d'un récit vous
plongeont au coeur de ce que serait une des plus grandes villes d'Inde
d'ici quelques décennies, si le progrès suivait son cours (ce qu'il fait
... pour l'instant).
C'est donc une ville énorme, tentaculaire, grouillante de pélerins
hindous, mais également de politiciens indiens (éventuellement
musulmans, à cause de l'histoire indienne). C'est aussi, à l'époque du
roman, une ville dont les scénaristes de séries sentimentales utilisent
à fond la puissance de leurs IAs presque illégales (à cause d'une
législation américaine des années qui viennent sur la limitation de
l'intelligence des IAs) pour produire un scénario plausible dans la
série, mais aussi pour ses acteurs (qui se trouvent être eux aussi des
simulations). Bien, ça commence à devenir plus dense, j'espère.
Pour lutter contre ces IAs, il existe des flics Krishnas, armés de
pistolets pouvant balancer des décharges électro-magnétiques détruisant
les IAs.
Oh, et on y trouve aussi des neutres, humains souhaitant aller au-dela
de la division homme/femme en se faisant gommer les traits sexués, et
porteurs de programmeurs hormonaux leurs permettant de ressentir des
émotions à la demande.
Et je pourrais évidement décrire encore et encore le décor, jusqu'à vous
plonger dans l'espèce de tourbillon dans lequel ce roman m'a plongé.
Parce que tout ça n'est qu'un dizième, peut-être, du contexte de ce
récit. Et par contexte, je parle évidement juste du décor, et pas de
l'action principale qui traite d'émancipation d'IAs, d'énergie du point
zéro, d'univers parallèles et de notre monde vu comme une simulation.
Autant dire que c'est touffu.
Touffu, mais bien fait.
En effet, en suivant des personnages de différentes strates sociales de
l'Inde et d'ailleurs (parce qu'il y a évidement quelques américains dans
ce foisonnement), l'auteur parvient à nous montrer la plupart, je pense,
des facettes de la vie dans Varanaci. Et c'est étourdissant dans tous
les sens du terme : trop de couleurs, trop de gens, trop d'émotions.
C'est le vertige de l'Inde dans lequel on est plongé, un vertige qui,
j'en ai peur, ne s'arrête pas forcément quand la dernière page est lue
et le livre refermé. Enfin, un vertige, mais un ertige "contrôlé". Parce
que malgré les innombrables personnages, malgré le côté totallement
oppressant de l'Inde dans ce qu'elle a de plus embouteillé, l'intrigue
est d'une clarté limpide (que je ne déflorerai pas ici) marriant avec
une surprenante limpidité les mythes fondateurs de l'Inde (comme celui
d'un temps cyclique) et certaines théories de physique fondamentale
plutôt tordues (les unviers parallèles, les cordes sont conviées à ce
voyage).
Ce qui donne certains passages qui m'ont laissé songeur, comme celui où
l'un des personnages explique qu'il y a de fortes chances que notre
univers ne soit qu'une "rediffusion" d'un univers ayant déja été joué
par le simulateur contenant notre multivers, et que par conséquent
toutes nos actions ne soient que des répétitions ... Ce qui, il me
semble vaguement, fait partie des enseignements hindouistes (sous une
forme ou une autre, hein).
C'est donc un univers foisonnant, multiple, dans lequel les personnages
arrivent pourtant à arriver à une forme d'existence assez forte. J'ai
par exemple ressenti un attachement fort pour la femme du flic Krishna
et ses égarements dignes dyu meilleur Bollywood avec son jardinier,
d'autant plus que rien de l'univers qu'elle ne voit, aussi bien chez son
mari que dans son cercle social, n'est ne serait-ce que le dizième de la
vérité. Ce qui donne d'ailleurs quelques beaux passages sur la place de
la femme dans une société fondamentalement phallocrate, surtout de la
part d'autres personnages féminins.
Bon, je pense que je m'embourbe un peu dans cette tentative de
description. Je vais donc me contenter de dire que, si la Maison des
Derviches est une oeuvre lumineuse tirant un grand trait d'union entre
la Turquie et l'Europe, ce roman est un voyage dans une terre aussi
étrangère qu'il est possible de l'être, et que par conséquent rien de ce
qui s'y passe n'est parfaitement compréhensible, pas parce que l'auteur
y serait trop mauvais, mais parce que la réalité qu'il décrit prend
tellement de corps qu'elle impose son étrangeté de religion,d e coutume
et d'être à un elcteur qui n'en demandait pas tant. En d'autres termes,
ce roman m'a transporté à Bénarès. Et si je n'ai pas compris le décor,
le sens de l'intrigue (d'une stupéfiante profondeur) m'a guidé dans un
voyage que je ne suis aps prêt d'oublier.
Lisez donc cette histoire, pour me dire ce que vous en comprenez, pour
qu'on comapre nos notes dans ce voyage étonnant.

PS : il semble y avoir une suite, j'ai vraiment hâte de la lire ...
(même si elle ne semble pas traduite à ce jour).
--
Nicolas Delsaux
"Putain mais quelle fichue imagination je peux avoir" - Tous à Zanzibar,
John Brunner
Eric Demeester
2014-03-27 16:51:59 UTC
Permalink
Nicolas Delsaux (Thu, 27 Mar 2014 16:46:02 +0100 - fr.rec.arts.sf) :

Bonjour Nicolas,
Post by Nicolas Delsaux
Le Fleuve des dieux (India 2047 #1)
by Ian McDonald, Gilles Goullet (Translator)
J'ai lu ce bouquin il y a quelques années.
Post by Nicolas Delsaux
Ce qui donne certains passages qui m'ont laissé songeur, comme celui où
l'un des personnages explique qu'il y a de fortes chances que notre
univers ne soit qu'une "rediffusion" d'un univers ayant déja été joué
par le simulateur contenant notre multivers, et que par conséquent
toutes nos actions ne soient que des répétitions ... Ce qui, il me
semble vaguement, fait partie des enseignements hindouistes (sous une
forme ou une autre, hein).
J'y ai compris une sorte d'« élargissement » du concept de la
réincarnation, qui est effectivement une des bases de l'hindouisme, et
de la stabilité d'une société pourtant injuste, puisque basée sur un
concept de castes.

On peut résumer ça par « tu occupes dans la société la place que t'ont
assigné les Dieux. Si tu te comportes bien, lors de ta prochaine
incarnation, tu auras une meilleure place. Si tu te comportes mal (en
n'acceptant pas l'ordre établi, par exemple), tu pourrais bien être
réincarné en cochon ou en mouche à merde ».
Post by Nicolas Delsaux
C'est donc un univers foisonnant, multiple, dans lequel les personnages
arrivent pourtant à arriver à une forme d'existence assez forte.
L'Inde parfaitement résumée en une phrase, félicitations :)
Post by Nicolas Delsaux
ce roman est un voyage dans une terre aussi
étrangère qu'il est possible de l'être, et que par conséquent rien de ce
qui s'y passe n'est parfaitement compréhensible, pas parce que l'auteur
y serait trop mauvais, mais parce que la réalité qu'il décrit prend
tellement de corps qu'elle impose son étrangeté de religion,d e coutume
et d'être à un elcteur qui n'en demandait pas tant. En d'autres termes,
ce roman m'a transporté à Bénarès. Et si je n'ai pas compris le décor,
le sens de l'intrigue (d'une stupéfiante profondeur) m'a guidé dans un
voyage que je ne suis aps prêt d'oublier.
Comme c'est le cas pour beaucoup de romans situés dans des société
complexes, connaitre ces société, sans être une obligation, est
incontestablement un plus pour mieux comprendre et apprécier ce qui se
raconte.

Ayant la chance de bien connaitre l'Inde, j'ai donc été peut-être moins
perdu que toi dans le foisonnement et le bordel ambiant, pour la bonne
raison que dans la réalité, l'Inde est pile-poil aussi bordélique que ce
qui est décrit.

Bien que n'étant pas Indien, l'auteur connait visiblement le terrain sur
le bout des doigts.
Post by Nicolas Delsaux
Lisez donc cette histoire, pour me dire ce que vous en comprenez, pour
qu'on comapre nos notes dans ce voyage étonnant.
Tu as à peu près tout dit. Je conseille moi aussi la lecture de ce
livre, tout en prévenant le lecteur que ce n'est pas facile à lire. Mais
il faut s'accrocher, ça vaut vraiment le coup.
Post by Nicolas Delsaux
PS : il semble y avoir une suite, j'ai vraiment hâte de la lire ...
(même si elle ne semble pas traduite à ce jour).
Tu m'apprends quelque chose, mais j'ai hâte aussi. Comme j'ai une
mémoire de poisson rouge, ce sera pour moi l'occasion de relire le
premier tome.
--
Eric
Loading...